Lettre ouverte à tous ceux dont le talent est refoulé parce qu'ils ne sont pas assez connus pour être reconnus.
On m'a dit :
- J'aime beaucoup ce que vous écrivez (lors d'un concours où j'ai été lauréate).
- Votre manuscrit mérite d'être distingué.
- Dans votre manuscrit, vous avez un accent de sincérité et d'authenticité, de douceur et de mélancolie où la sensibilité n'est pas exclue.
Tous ceux qui m'ont dit cela sont des professionnels du monde littéraire. Mais et il y a un mais comme toujours, j'écrie de la poésie. Aie ! Erreur fatale.
Alors, je m'excuse de vous demander pardon de ne pas être une star, une populaire personne, une VIP ou éventuellement, une star VIP au chômage ( si, si, il y en a et cela fonctionne bien aussi).
Je m'excuse de vous demander pardon de ne pas être une de ces personnes dont les écrits publiés se vendent par leur notoriété et non par leur contenu. Quand on est connu du monde littéraire ou du monde de l'audiovisuel (cela aussi, on m'a dit que ce serait mieux), quoi que l'on écrive, on est pratiquement sur d'être édité. Heureusement, il existe aussi des stars qui ont un véritable don d'écriture. Celles-là compensent pour les autres.
Je m'excuse de vous demander pardon de n'être que moi-même, avec des émotions que j'écrie, d'inventer des poèmes où chacun pourrait s'y retrouver, d'aimer la vie et d'aimer les gens.
Non ! Je ne m'excuse pas finalement ! Je suis fière de ce que je suis et de ce que je fais. Je voudrais simplement comprendre pourquoi, sous prétexte que ce n'est pas vendeur, on doit prendre en otage les lecteurs de poésie en refusant de publier ce genre littéraire.
Mais c'est bien sûr !!! Suis-je bète ?? Je devrais adresser mon manuscrit quand je serai connue.
Bon alors, je vais faire le casting d'une émission de chansons où je ne vais pas être retenue puisque je chante comme une casserole. Mais, on me verra pendant les émissions de prime et avec de la chance, je serai invitée pour la dernière. Oui, ça c'est pas mal. Ensuite, j'irai me faire enfermer dans un loft pendant quatre mois. Là, je forniquerai un peu mais il ne faut pas que j'en fasse trop. Si cela ne suffit pas, peut-être que je mettrais mon mari à contribution sur une île pour voir si on s'aime toujours aprés 15 ans. Je lui clamerais de jolis poèmes d'amour devant les caméras.
De toute manière, chaque fois que je passerai dans une émission de ce style, je balancerai à qui veut l'entendre que je suis poète amateur. Et j'essaierais d'en convertir certain pour montrer mon modeste talent.
Et puis un jour, hop ! Je sors. Et ô miracle ! Quelques semaines plus tard, je publie dans une "grande" maison d'éditions. Celle-là même qui m'avait refusé mon manuscrit quelques mois plus tôt (sans même l'avoir lu, je parie). Elle est pas belle la vie !!!
Aprés ce constat, bien affligeant, j'use de mon droit à la liberté d'expression et je dis aux éditteurs qui liront ceci :
"Osez sortir du chemin pour éditer de la poésie. Osez avoir du sentiment pour un texte même si vous savez que votre maison d'édition ne gagnera pas grand chose. Osez vous battre et tapez du poing sur la table pour vos émois. Osez parce qu'au fond de vous, vous savez tout le plaisir que vous pourriez procurer au public même si celui ne représente qu'une poignée de lecteurs.
Et moi, si j'ose aujourd'hui, c'est parce que je veux me battre pour mes textes. Je mérite comme tant d'autres personnes dans l'anonymat, d'être considéré comme un auteur avant d'être foutue à la poubelle parce que je suis poète donc invendable.
C'est là que je rigole quand j'entends ces personnes de ce fameux monde édito-littéraire parler de poètes disparus. Cela, évidemment, sont toujours vendeurs (par obligation scolaire) et puis aprés plusieurs années, il n'y a plus de droits d'auteur à payer. Là, c'est tout bénef ! Et ce ne sont plus des éditions mais des rééditions en veux-tu, en voilà.
Heureusement que notre histoire littéraire a sur ses étagères des ouvrages de poètes remarquables. Le monde aurait-il été le même aujourd'hui, si un jour, ces poètes n'avaient pas été édité pour que nous puissions les lire. Mais à notre époque, il en existe de merveilleux si seulement les éditeurs se donnaient la peine de les voir pour les lire et les éditer.
(texte protege)