Un ventre de par trop gonflé
Porté par des jambes maigres,
Une poitrine tant étriquée
Où coule une sueur aigre,
Et puis ces yeux immenses
Qui lui mangent le visage
Où des mouches en nuages
Boivent ses larmes intenses,
Sa mère aujourd’hui émaciée
Le berce pour le consoler
Lui, le fruit d’un viol passé,
Souvenir d’un mercenaire pressé ;
Des touffes d’herbes desséchées
Ne trompent plus la faim sans pitié
Qui toujours taraude la harde oubliée
Continuant malgré tout d’avancer ;
Tous écoutent le vieux sage parler
Du mirage d’oasis qui les fait rêver
Pendant que le chef des insurgés
Contre la horde abandonnée a décrété :
" Tuez le griot de ces insensés,
Il sait trop bien les faire rêver !
Au lieu de rester sur place à agoniser
Ce rêve leur donne la force d’avancer!"