Afrique ! Es-tu mon Afrique ?
Es-tu toujours ce continent magnifique
Que ma Grand-mère, lors des veillées,
Sous l’arbre à palabres, ne cessait de louer ?
Es-tu toujours cette terre bénie des Dieux,
Berceaux des civilisations au passé glorieux ?
Afrique ! Es-tu mon Afrique ?
Afrique ! Dis-moi Afrique !
Qu’est devenue la fierté de tes guerriers,
Aujourd’hui proies tremblant dans leurs terriers ?
Qu’est devenue la solidarité de tes enfants,
Maintenant ignorant tout sentiment ?
Afrique ! Dis-moi Afrique !
Qu’as-tu fait du sang héroïque
Versé par mes pères, martyrs des clivages,
Sur les routes nues de l’esclavage ?
Qu’as-tu fait de la souffrance des enchaînés
Sur les chantiers des travaux forcés ?
Afrique ! Pauvre continent !
Tu n’es plus cette terre d’espoirs fourmillant.
Et les grands-mères ne te chantent plus.
Elles pleurent ta dignité disparue.
Elles pleurent ta liberté ensevelie
Sous les décombres de tes tueries.
Afrique ! Libre continent, disait-on !
Mais aujourd’hui, tes peuples ont changé de ton :
Les frères unis d’hier, combattants l’oppresseur,
S’entretuent de nos jours pour gagner son cœur.
Et nos chefs, intègres et valeureux dans le temps,
Troquent leur souveraineté contre de l’argent.
Afrique ! De toi, je me dégoûte.
Et dans mon cœur s’installe le doute
D’un avenir aux bases numériques,
D’un futur au bonheur chimérique.
Et cette voix, parlant à Birago DIOP, qui s’est tue !
La partie serait-elle sans issue ?