La guerre
La boue du fossé s’écarlate.
Devant moi chante le désespoir.
Il n’est pas d’heures calmes,
Même en plein jour, il fait noir.
L’inutilité de l’affront se dessine.
N’y a-t-il plus de bonté en ce monde
Pour que je sois là unanime
Sur mon sort et celui de mes hommes ?
Encore et toujours le même refrain,
Celui de la chanson des batteries,
Sifflant et propulsant au loin
Ces balles tueuses de nos vies.
Dans ces trous béants et glauques
Où se déversent nos entrailles,
Il est bon de trouver une épaule
Même rouge, perforée de mitraille.
Nous devenons sombres et insensibles.
Les douleurs et les amertumes
Laissent leur place fétide
A la froideur de nos sentiments posthumes.
Crachez donc mitrailles et canons !
Prenez-moi et qu’on en finisse !
Je ne veux plus de cette guerre sans nom
Au fond de mon trou boueux et triste.
Certes, j’y ai trouvé une autre famille,
Ces frères, mes compagnons d’armes.
Mais à quoi bon, quand le pire
Les brûle et disperse leurs âmes.
(texte protégé)