JE ME SOUVIENSJe me souviens de soirs où, sous la lune ronde,
Dans l’étang familier, ricochaient mes cailloux,
Quand au jardin fleuri, s’écorchaient mes genoux,
Elle séchait mes pleurs, baisant ma tête blonde.
Je me souviens, aussi, dans la forêt profonde,
Du chant des oisillons qui me semblait si doux,
Sous les gouttes de pluie, piétinant la gadoue,
Elle attendait, transie, guettant chaque seconde.
Ô comme j’aimerais redevenir petit !
Redevenir enfant, entre ses bras, blotti !
Je suis devenu grand et si elle est bien vieille,
Si nos mois, nos années ont fui, impétueux,
Sans jamais retenir la course du soleil,
Je vois toujours briller la jeunesse en ses yeux.