Parmi vous
Je siège là, face à cette étendue d’eau
Souvent entouré par les badauds.
Quand ils arpentent le trottoir
Certains passent sans me voir.
Pourtant on me fréquente très souvent
D’autres passants m’apprécient car je les détends.
Attentif aux relations unissant les individus entre eux,
Je suis témoin de rendez-vous familiaux, amicaux ou amoureux :
C’est un père qui apprend la pêche à son fils
Ou alors un couple à l’attitude très complice,
J’accueille fréquemment les personnes âgées
Que je réussis à apaiser en soulageant leurs corps fatigués.
Comme elles, j’observe ce défilé de gens presque incessant
Et je contemple l’eau quand ils sont absents.
En semaine, toujours occupé à la pause déjeuner,
Les travailleurs ont remplacé les personnes qui le dimanche flânaient.
Et quand vient la nuit, les promeneurs se raréfient,
J’offre à ce moment le gîte aux sans-abri.
A tout instant, je suis disposé à vous recevoir
Prenez juste le temps de vous asseoir.
Les pieds fixés au sol, je reste spectateur de vos pérégrinations,
Lorsqu’au gré des rencontres, vous passez par différentes émotions.
J’épie ceux qui lisent ou se reposent
Qui méditent, rêvent ou remettent tout en cause.
Tous ces comportements humains que je scrute
Suscitent mon intérêt à chaque minute.
Ma vie est constituée de fragments des vôtres
Qui diffèrent toutes les unes des autres.
J’ai trouvé là un moyen d’exister parmi l’humanité,
Je demeure au cœur de vos vies privées.
A travers le temps, j’assiste à vos allers et venues cycliques
Vous passez, je reste à jamais un banc public.
Anne Aunime