La complainte du fumeur

Mort lente du solitaire.
Discutée comme l’enfer,
Tu prends la vie de ton hôte,
Même si c’est de sa faute.
Il l’a voulu et choisi,
Que faire contre ceci.

Née de la nature même.
Plante que Dieu mit sur Terre.
Depuis des siècles on te sème,
Pour tes feuilles à caractères,
Offrant la douce saveur
D’une évasion sans malheur.

L’homme au sein de sa vieillesse,
Symbolisant la sagesse,
Vêtu d’un large péplum
Et de sandales de Rome,
Tient en ses deux mains, sa canne
Et une pipe profane.

Aujourd’hui cet artifice,
Considéré comme un vice,
Se trouve montré d’un doigt
Tremblant de peur et d’effroi,
Par un fort bras de satin,
Lutant contre des moulins.

Par d’incessantes campagnes
L’Etat met la triste au bagne,
En l’accusant de faucher
La vie de l’homme amoché,
Et en la persécutant
De harangues à tout vent.

De ces complaintes coûteuses,
Une solution honteuse
Méprisant la liberté
De l’homme aux vices entêtés,
Est mise sur piédestal,
Semblant à une morale.

Par de subtils croisements
Ou bien génétiquement,
La sainte nature en elle
Devient maintenant mortelle.
Pour notre plus grand malheur,
Ceci pour l’instant demeure.

Notre incroyable science
S’utilise sans conscience,
Pour le plaisir du profit
Et celui de l’atrophie.
Rendant la douce origine,
Aussi froide qu’Agrippine.

Alors ! Quand viendra le temps,
Le seul, l’unique, l’ardant,
Où la santé de l’homme
Ne peut être qu’en somme,
A sa juste place, devant,
Celle louée à l’argent.

Rendons à la nature,
Ses biens pour qu’elle dure.
Aidons là, nous le devons,
Pour la faire de meilleur ton.
...
Inoffensive
Et non craintive.