Les rêveurs de nuages
J'ai lâché des ballons et les offre aux nuages
Qu'ils les emportent ailleurs vers d'autres paysages
Les offrent aux enfants, les "terribles" les sages
Les gras, les affamés, riches ou sans bagage
J'ai offert ces ballons aux "rêveurs de nuages"...
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Regarde voyager les poèmes du ciel
Ces lourds nuages blancs
Qu’emporte le vent ;
Regarde les partir aux frontières ouvertes
Et rêve !
Regarde les rimer de moutons en moutons
Rire et pleur de coton
Que berce l’azur ;
Regarde les danser aux horizons lointains
Et chante !
Regarde les hurler quand ils se font colère
Et déchaînent leurs larmes
D’eau, de feu, de vent ;
Regarde les noircir dans les éthers obscurs
Et tremble !
Regarde donc tes vers poète mon ami
De liberté-bonheur
En désillusion ;
Regarde les gonfler des larmes de ton cœur
Ecris !
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Nous sommes des rêveurs, des rêveurs de nuage
Les vents nous amènent le sel d’autres rivages
Et le bruit des chaînes des hommes en servage ;
Nous sommes des rêveurs, des rêveurs de nuage
Le ciel nous dessine les plus beaux des mirages
Et les chants amoureux des âmes en voyage ;
Nous sommes des rêveurs, des rêveurs de nuage
Les vents nous amènent le sel d’autres rivages…
Nous sommes rêveurs de nuages
Aux changeantes images
Paradis essentiel
Doux voyages du ciel
Nous les voyageurs immobiles
Sur les chevaux fragiles
Par le souffle du vent
Par le soleil levant
Nous sommes princes de Bohème
Qui lisons nos poèmes
Aux nomades d’azur
De coton et d’air pur
Nous autres les fous, les rebelles
Que les orages appellent
Quand les cieux se font lourds
Aux hommes sans amour
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J’ai vu passer là haut dans les cieux de velours
Des anges bienheureux, tout blancs, aux cheveux lourds
Des êtres de l’éden aux ailes de fumée
Qu’emmènent les zéphyrs d’un zèle parfumé.
J’ai vu valser des filles aux corps de pur albâtre
Et des diables derrières aux cœurs impurs se battre
Les belles et démons qui dans les nues s’effleurent
Façonnés par le vent sont devenus des fleurs
J’ai vu surgir aussi des monstres gris et noirs
Polymorphes bâtards qui dévoraient le soir
Avalant le soleil de leurs gueules béantes
Par Eole chassés vers les enfers de Dante
J’ai vu mille visages aux fontaines du ciel
S’abreuver de lumière aux nuages de miel
De l’occident lointain où Euros les poussait
Là où meurt le monde de ces dieux courroucés
J’ai vu glisser la haut, bien plus haut que les arbres,
Des princes d’orient les lourds palais de marbre ;
Aux coupoles dorées, aux murs de pierre grise,
Mille et une formes changeantes sous la brise
Puis la nuque posée sur l’herbe verte et fraîche
J’ai pensé à Rimbaud et au dormeur du val
J’ai vu de noirs vaisseaux tout hérissés de flèches
Qui montaient à l’assaut et répandaient le mal
Puis j’ai vu des héros tentant de se lever ;
La Loi et le Chaos des histoires anciennes
Luttèrent en écho à nos fureurs terriennes.
Déjà je m’endormais et toujours je rêvais
De nappes de fumée les cieux se sont couverts ;
Des diables par millions dévorant la lumière
Le soleil, son drap bleu, la terre toute entière.
Moi qui reposais là mes yeux se sont ouverts