Je ne saurai jamais ce que fût mon enfance
L'esquisse d'un destin de peu de consistance
Faudrait-il de raison que j'en oublie les heures
Pour accepter des jours qu'ils s'écoulent sans heurts
Je ne saurai jamais quelles images anciennes
Me font les souvenirs que mes âges retiennent
Faudrait-il de regret que parfois j'en invente
Pour espérer des rêves les désirs qu'ils enfantent
Je ne saurai jamais aimer sans dissonance
Toujours à contretemps ignorant tes silences
Faudrait-il de dépit que mon égo s'enferre
Pour me croire serein de vieillir solitaire
Je ne saurai jamais pour peu qu'elle m'advienne
Sécher à l'espérance les larmes qui me viennent
Faudrait-il de chagrin que mes sanglots s'avivent
Pour pouvoir me complaire aux peines qu'ils cultivent
Je ne saurai jamais prolonger mon histoire
Laisser à l'infini des zestes de mémoire
Faudrait-il de prières que le néant s'éclaire
Pour diffuser sans fin l'âme de mes poussières