Un coeur de magicien.
Jean-Luc est un petit garçon, tout à fait ordinaire, il fréquente une petite école de banlieue.
Ses parents, ne sont ni riches, ni pauvres ; ce sont des parents modestes, mais courageux.
Jean-Luc, est un petit garçon aimé de tous, et pour lui, son père et sa mère, rêvent d’un bel avenir, d’une carrière dont il tirerait profit.
Mais Jean-Luc, a un rêve caché ; il rêve de devenir un grand magicien ; pas de ces illusionnistes qui circulent sur les podiums de foire, il veut devenir un véritable magicien.
Alors, dans ses rêves, il se voit, tendant le doigt vers un objet, et, sans qu’il ne le touche, l’objet se met à voler.
Hélas, au réveil, il se rend bien compte que tout ceci n’était que rêve et il est déçu.
Mais loin de se décourager, il décide de se ranger du côté des prestidigitateurs et d’apprendre quelques tours simples pour épater ses copains.
Et les années succèdent aux années et de tour simples en tours plus compliqués, il acquière de l’expérience. Il possède à présent une telle dextérité, que bien fort est celui qui arrive à déceler, de quelle manipulation il a usé pour réussir son numéro.
Ses études terminées, il décide d’entrer dans un cirque, au grand désespoir de ses parents. Mais, il a de la suite dans les idées et finit à force d’arguments, à convaincre son père de lui laisser tenter sa chance.
Il n’est pas simple quand on ne sort ni de l’école, ni du monde du cirque, d’arriver à se faire accepter par une troupe de saltimbanques et de pouvoir partager leur piste aux étoiles.
Et c’est en tant que commis de cirque que notre ami fini par se faire admettre par une troupe.
Jean-Luc, a toujours la tête pleine de rêves, et son cœur d’enfant se réjouit, à chaque spectacle, d’admirer les artistes exécuter leur numéro.
Il est toujours disponible pour tous et montre en dehors des spectacles, une formidable conscience dans chacune des tâches qui lui sont assignées.
Cependant, en secret, avec son amie Marie, il met au point un tour de passe-passe dans lequel il fait entrer sa partenaire dans une caisse de bois qu’il recouvre ensuite d’un drap.
Il pratique alors un rite destiné à laisser le temps à marie de se faufiler dans le double fond de la caisse, pour au final, présenter une caisse vide.
A force de répétitions, le tour prend de plus en plus les aspects d’une réelle disparition, et un beau jour, il le présente à Victor ; le directeur du cirque.
Celui-ci après quelques réticences, fini par accepter de faire figurer sont tour, accompagné de quelques autres plus simples, dans le spectacle de la semaine suivante.
Enfin arrive le grand jour.
Jean-Luc fait enfin partie du défilé au bord de cette piste dont il rêve de fouler le sable depuis si longtemps.
Les gradins du chapiteau commencent à se remplir.
Jean-Luc sent son cœur battre à tout rompre, et, alors que les retardataires finissent de prendre place, les lumières s’éteignent, un projecteur éclaire la piste et l’orchestre se met à jouer la traditionnelle marche des artistes.
Défilent en premier, les clowns, qui au grand bonheur des enfants, progressent en se donnant de grands coup de pied dans le derrière, suivent les funambules, les jongleurs, les dresseurs de fauves, les montreurs d’ours, les trapézistes, les antipodistes, les acrobates et enfin, juste avant le directeur, Jean-Luc fait enfin ses premiers pas sur la piste.
Le défilé terminé, le directeur éclairé d’un halo de lumière, vient chauffer l’assemblée par sa présentation théâtrale. Il est délogé de la piste par deux clowns qui de gaffes en farces, entament leur numéro.
Jean-Luc, quand à lui ne quitte pas le rideau qui le sépare des artistes exécutant leur numéro, car en plus d’être artiste lui-même il est avant tout un spectateur insatiable.
Viennent alors ses préférés, les trapézistes.
Dans un ballet gracieux, voltigeurs et porteurs, s’élèvent au bout de filins pour rejoindre leurs plates-formes respectives.
Tels des oiseaux dans le ciel, ils s’envolent de l’un à l’autre dans de vertigineuse figures artistiques.
Viennent ensuite les acrobates qui, dans un astucieux et audacieux mélange de sauts périlleux et de réceptions tantôt au sol, tantôt au sommet d’une pyramide humaine, font frémir la foule qui laisser échapper quelques exclamations de frayeur.
Au fil du passage des artistes ponctués par les applaudissements du public, arrive le tour de Jean-Luc.
Il sent rouler quelques gouttes de sueur au creux de son dos.
Et s’il arrivait un problème ! Et si la foule se rendait compte, que Marie, mêlée au public, et qu’il fera semblant de choisir au hasard, n’est autre qu’une artiste de la troupe ! Et si…
Sans s’en rendre compte, notre prestidigitateur, se trouve déjà au milieu de la piste.
Que le spectacle commence !
Aidé des clowns, qui choisissent avec discernement des personne peu susceptibles de participer au spectacle, et, qui si elle se montrent conciliantes, les rejettent avec un air de moquerie et de grands éclats de rires, Jean-Luc finit par obtenir que Marie vienne participer au numéro.
Elle joue les femmes intimidées par une foule effervescente qui l’applaudit.
Elle entre dans la boite, et comme à la répétition, comme par enchantement elle disparaît sous les « oh » de la foule dupée par l’habilité de l’illusionniste.
Le spectacle touche à sa fin et sous les applaudissements du public, les artistes font un dernier tour d’honneur avant de regagner les coulisses.
Jean-Luc, exténué par sa première représentation, et par le stress qu’elle a généré, regagne sa roulotte avec la ferme intention de s’étendre sur la banquette qui lui sert de couche et de se laisser sombrer dans de jolis rêves faits gloire et de magie.
A peine eut-il fermé les yeux, qu’il est sorti de son état rêveur par un bruit inhabituel à l’extérieur de sa roulotte.
Curieux, il se lève et ouvre la porte pour se rendre compte d’où venait ce bruit.
Là, il se retrouve nez à nez avec un pauvre bougre en haillon qui se tient devant lui.
« Que voulez-vous, lui demanda-t-il » ?
« Auriez-vous la gentillesse de me donner quelque chose à manger, demanda le vieil homme » ?
Jean-Luc, qui avait le cœur sur la main, malgré la fatigue, invita le mendiant à entrer. Il le fit assoire, lui offrit quelques tranches de pain, garnies de jambon et de pâté et lui servit un grand bol de lait chaud.
Sans dire un mot, le vieillard se mit à déguster ce met improvisé, et se délecta du lait chaud.
Son repas terminé, il remercia son ôte et se prépara à s’en aller.
Jean-Luc, n’était pas décidé à laisser un vieillard en loques passer une nuit dehors alors que sa roulotte possédait une seconde banquette.
Il l’invita donc à passer la nuit là, faisant abstraction de son allure peu aguichante.
Le vieillard accepta, et, chacun sur sa banquette, ils s’endormirent.
Dans un demi sommeil, Jean-Luc eu l’impression qu’on le touchait cette nuit là, il ouvrit à peine les yeux, crut voir le visage du vieil homme en face du sien, mais il referma aussitôt les paupières et se rendormi.
Le lendemain matin, alors qu’il éclosait d’un sommeil réparateur, Jean-Luc s’aperçu que le vieillard n’étais plus là.
Il se leva et instinctivement alla vérifier, dans le placard où il rangeait ses économies, si rien n’y manquait. Non, tout était là.
Il ne s’était même pas rendu compte du pendentif qu’il avait au cou et qui ne s’y trouvait pas la veille.
C’est seulement en passant devant le miroir, qu’il l’aperçut.
Son premier réflexe fut de l’arracher, mais son mouvement fut arrêté car son attention fut soudain attirée par un mot se trouvant là, posé sur la table.
Il s’assit et le lit.
Mon cher Jean-luc
Vous ne me connaissez sans doute pas, car je n’ai pas de nom précis.
Par contre, moi je vous connais depuis toujours et c’est à distance que je vous ai suivi dans le parcours de votre vie.
Ne cherchez pas à comprendre ni comment, ni pourquoi, mais j’avais pour mission de vous donner la possibilité de vivre votre rêve quand vous en serez capable.
Ce jour est arrivé et c’est pourquoi, cette nuit, j’ai posé à votre cou ce petit sac de cuir contenant un cristal magique.
Tant que vous le garderez, la magie se pliera à votre volonté. Mais, prenez garde de l’ôter, car le charme en serait rompu.
Merci de m’avoir hébergé cette nuit, et prenez soin de vous.
Un mendiant.
Jean-Luc eut comme première réaction de croire en un canular et sans se poser d’autre question, il prépara sa cafetière matinale. Il alla ensuite au réfrigérateur et disposa sur la table de quoi prendre son petit déjeuner, puis il s’installa.
Alors qui était enfin assis, il se rendit compte qu’il avait oublié la cafetière à l’autre bout de la table. Il dit, en se moquant de la lettre du vieux ;
« cafetière vient ici ! » A sa stupéfaction, elle se déplaça et vint se poser devant lui. Il en était abasourdi.
Alors il se leva et alla jusqu’au lavabo et y fit sa toilette, se disant qu’une fois rafraîchit, ses idées se mettraient en place d’elles-mêmes.
Lavé, il retenta l’expérience mais en compliquant la chose. Il dit ; « vêtements, habillez-moi ! » son corps se mit alors à quitter le sol et ses habits vinrent s’enfiler un par un et en un clin d’œil il fut vêtu.
Là, la preuve était faite ; il était devenu un vrai magicien.
Il sortit à tout allure et se dirigea vers la roulotte de Marie et lui raconta toute l’histoire.
A ces mots, Marie éclata de rire… « Mon pauvre Jean-Luc, tes rêves ont fini par te monter à la tête ! ».
Jean-Luc en fut vexé et il ne chercha même pas à se justifier. Il se contenta de dire… « C’est cela même, c’est cela ! »
Il savait lui ce dont il était capable et Marie, ce soir, à la représentation en ferait les frais.
Alors que les clowns faisaient à nouveau mine de chercher une volontaire dans la salle, Jean-Luc affichait un petit sourire en coin qui ne laissait aucun doute sur ses intentions.
Et Marie prit place dans la boite et Jean-Luc fit son rituel magique.
Lorsqu’il ouvrit la caisse de bois, bien entendu, Marie ne s’y trouvait plus.
C’est alors qu’il modifia son numéro. Il ôta les goupilles qui tenaient assemblé les panneaux de la caisse et il en déposa une à une les parois.
Le public était estomaqué. Comment avait-il bien pu réussir un tel tour ?
C’est alors que Jean-Luc leva les yeux vers le sommet du chapiteau et tous les regards suivirent le sien pour découvrir, Marie, tout là-haut, flottant à proximité des haubans qui reliaient la structure. Les gens s’exclamèrent d’étonnement.
Alors, il tendit la main et, doucement, Marie se mit à redescendre pour venir se déposer devant lui.
Les gents cherchèrent le filin qui aurait dû servir au trucage, mais rien n’apparaissait.
Devant leurs mines sceptiques, Jean-Luc décida de faire plus fort. Il fit tournoyer un doigt par-dessus sa tête et c’est alors que tous les spectateurs se mirent à s’élever et a tourner en flottant comme des fétus de pailles entraînés par une tornade. Puis il les déposa doucement en prenant garde de les asseoir à plusieurs place de celle que chacun occupait.
Ce fut le cahot général, certains criaient au scandale, d’autres le traitaient de sorcier, d’autres encore serraient leurs enfants contre eux pour les protéger du monstre.
Notre magicien comprit alors que ce monde n’était pas prêt pour profiter de ce genre de pouvoir et il décida de ne pas insister.
Il fit un signe de la main à ces amis artistes qui le regardaient stupéfaits et il s’envola simplement sans même dire un mot.
Qui sait ce qu’est devenu aujourd’hui ce sympathique magicien ?
Peut-être moi… mais ça, ce sera pour une autre histoire !!!
Stéphane Borrell.