Il ne me reste que les chats

Des rires d’enfants dès le matin,
Les pièces chantantes de joie.
Premier « bonjour », premier câlin,
Le monde nous revenait de droit.

Nous déjeunions de tranches de pain,
Pas riches, mais libres comme il se doit.
La journée nous tendait la main,
De la chaumière nous étions rois.

Nous étions chéris du destin,
L’existence n’avait pas de poids.
Mais un jour, aux bords du ravin,
La passion regarda en bas.

L’habitude nous tint par la main,
L’amour suivit une autre voie.
Mais notre statut d’être humain,
Nous rattacha d’un fil de soie.

Le juge rompit ce dernier lien,
Me laissant seul sous notre toit.
Fort las, souvent j’observe au loin,
Espérant que tu reviendras.

Nos enfants se sentent orphelins,
Deux jours de toi, quinze de moi.
Leur joie a fait place au chagrin,
Et la nuit, ils pleurent tout bas.

Je ne crois même plus aux matins,
Le silence m’écrase sous son poids.
Nous avions tout, je n’ai plus rien,
Il ne me reste que les chats !