A MADRID
Sur MADRID tombe la pluie
Qui n’efface pas les pleurs,
Que ne cache pas la nuit
D’où sourde une immense douleur.
Ruban noir et main blanche,
Un poing sur la hanche,
La foule, poitrine aux millions de poumons,
Hurle son dégoût des hachchàchïns abscons.
Eventrés les wagons, blancs innocents
Aux toits rouges comme le sang,
Recouverts de la chape du malheur,
Etouffent les cris de douleurs.
Carmen, vierge de quatorze printemps,
S’est arrêtée de décompter le temps,
Rose qui ne sera jamais mise en bouquet,
Fleur d’ un avenir déjà fané.
Ali, travailleur musulman,
Au pays n’enverra plus d’argent,
Déchiré entre Orient et Occident,
Déchiqueté tête au Levant,pieds au Couchant.
Cierges blancs et bougies rouges,
Au vent des cris les flammes bougent
A MADRID, cœur de l’Europe blessé
Pour ne jamais oublier le cauchemar arrivé.
DIDIER