Oued Ziz
Un douar de terre âcre au bord d’un promontoire
Surplombe – simulacre ? - un oued de galets
Où d’extrêmes palmiers sur des fûts gringalets
Font de piètres points verts au désert vexatoire.
Ici finit la piste, il n’y a pas de suite,
Et l’horizon s’immerge en l’erg et l’air sablés.
Le ksar fond au chergui ses murets éboulés
Outre lesquels il n’est point de possible fuite.
Seule une vieille veille, en son bordj qui s’égrène,
Sur le relief des pas déguerpis de ses fils.
La genèse est passée : le temps, dans l’oasis,
Pétrifié, fossilise au tartre de l’arène.
Mon errance aboutit un soir à cette ruine.
Alors que je pleurais sur la natte d’alfa
Que m’avait déroulée l’antique chérifa,
La hyène et le chacal arpentaient la colline.
Une ombre m’éventa quand s’élança la lune.
Un doigt frais se posa sur ma lèvre, et je vis
Dans cette tombe nue reparaître, ô dévi,
Mon Atlante gemmée du ventre de la dune.
Pourquoi n’ai-je pas mis racine à ce rocher
Dont en l’austère atlas ne reste aucune trace ?
De ta si noble race ai-je eu l’ultime grâce,
Labyrinthique place, où se loue ton nocher ?