Attends…je me complais en cette chrysalide
A l’abri de ton monde, je sens qu’il m’indiffère
Pourtant je sais déjà que ton amour avide
Exige tant, ma mère, que je te sois offert
Attends…je ne sais rien de l’école et des livres
Il me suffit d’aimer cette âme que tu livres
Et ce cœur qui s’épanche sur les insignifiances
De l’enfant que je suis et de son innocence
Attends…tu fais, garçon, des rêves de fredaines
Mais il n’est pas, ce jour, de désirs qui me viennent
Trop de fées me protègent en mon être fragile
Pour que femme s’éveille en mon corps si gracile
Attends….je vis à peine le premier des voyages
Aux tourments de mes sens, au printemps de mon âge
Faut-il me consumer en mon adolescence
Aux affres désirées d’une vaine souffrance
Attends…est-ce un destin, marguerite effeuillée
Tu me veux en promesses et avenir radieux
Si je brûle ma peau et m’offre à ton ivresse
Comprendras-tu alors ce que disent mes yeux
Attends…il a grandi notre fils à présent
Pourquoi lui s’éloignant, faut-il que l’on s’égare
Que je file ma laine pour fuir les heures noires
Rêvant là solitaire à mon homme d’avant
Attends…je n’ai pas vu que s’enfuyaient les ans
Je flageole, je sais, entourée de murs blancs
Tu pars ou te dérobes, je comprends ta détresse
Reviens me voir dimanche, c’est ma seule caresse
Attends…essuie cette eau qui perle à mes paupières
Souvenance d’antan, en oubli des misères
Restes à tenir ma main, on est dans l’éphémère
D’un dernier soir qui vient, dernier songe sur terre