Elle naquit dans l'ombre de ses premiers jardins
Empreints à l'évidence de douceurs et lumières
Mais n'y pouvant grandir aux rêves ordinaires
L'enfant à peine éclos se perdit en chemin
Elle revêtit son âme d'une armure friable
Préservant le présent d'inutiles souffrances
Et laissant pénétrer en un triste silence
Les ondes du ravage de maux insoutenables
Elle ne connut jamais ces larmes bienfaisantes
De celles qui libèrent de trop d'insignifiances
Ses pleurs ne lui étaient que des vagues brûlantes
Prolongeant les douleurs vives de son errance
Elle vécut accrochant du fond de son martyr
Quelques lambeaux de mots de gestes compassés
Ce fut hélas pour elle la conscience du pire
D'espérer de ces êtres qu'ils sachent l'enlacer
Elle s'allongea un soir lucide en sa mémoire
S'élevant aux pensées nappées de l'illusoire
En des heures captives d'agonie solitaire
Elle vit le cours des ans limpide et moins amer
Elle mourut dans l'ombre de ses premiers jardins
Et n'en sut la saveur qu'à l'orée de la fin
A-t-elle payé le prix d'un destin de misère
Ou l'avons-nous sans bruit effacé de la terre