Ressentir de tes mots les non-dits pathétiques
Ellipses des douleurs qui te semblent importunes
Te reste-t-il la force d’être un jour impudique
Pour exhumer de l’âme ces raisons de rancune
Endurer des silences les volutes malsaines
Elles sont fétides et sombres, plus froides que l’absence
Nous reste-t-il du temps pour qu’il nous parvienne
Du fond de nos abîmes un air pur de jouvence
Subir de tant d’années les miroirs déformant
Ces images jadis par l’amour sublimées
Nous reste-t-il encore un dessin, une idée
De ce que l’on vivait, de nos émois d’antan
Souffrir de tous ces maux que l’on s’est infligé
De ces vagues de haine, de violence masquée
Nous reste-t-il l’envie de se parler sans heurt
Pour éviter demain de se trancher le cœur
Pleurer pour s’épancher et consommer la peur
Comme les flots boueux charriant les misères
Restera-t-il alors des larmes moins amères,
De celles qui révèlent les espoirs qui affleurent
Discerner comme fait au tamis l’orpailleur
Les pépites cachées sous le fiel qu’on distille
Et verrons nous enfin si ténu et fragile
Un trésor oublié à l’inconnue saveur
Sentir tout simplement la magie d’une offrande
En fil d’une caresse qui sur nous se dévide
Et pourrons-nous dés lors vouloir que se répande
En nos êtres un désir au sillage fluide
Eprouver à nouveau partage et résonnance
En nos corps, nos pensées, nos intimes mystères
Et découvrir porté en euphorie légère
Qu’en t’aimant solidaire et non pas solitaire
Je saurai devenir ton cadeau d’existence