Lorsque mon âme aura quitté
Cette enveloppe charnelle,
Laquelle, telle un prisonnier
La retient captive, hirondelle,
Heureuse, elle s'élancera
Et de l'aurore au crépuscule,
D'herbes et de fleurs se grisera
Parfums de baies de renoncules.
Elle s'envolera légère,
Plaines, rivières et vallons,
Fôlatrera sur la bruyère,
Joyeuse avec les papillons.
Se fondant la nuit dans la brume
Parmi les étoiles du ciel,
Glissant sur un rai de lune
Redescendra près des mortels.
Revoir l'ami incomparable
Que mon coeur meutri chérissait,
Malgré les heurts et les orages,
D'un esprit oh combien tourmenté.
Se posant, caline, indiscrète
Sur deux paupières, cils ombrés,
En une impalpable caresse
D'innéfables et doux baisers.
Et ces instants jusqu'aux aurores
Par cette lumière irradiée,
De son parfum, mon âme encore
Tu pourras aussi te griser.
L'aube qui vient t'arrachera
A cet envoutement terrestre,
Sur son vaisseau t'élèvera
Jusqu'aux vertes prairies célestes,
Certaine de trouver là-haut
Près de ce père qui nous aime,
Cet éternel et doux repos
Consolateur d'une âme en peine !