Il est des jours
Qui s’étirent, lourds
Comme des années,
Comme un voile de mariée
Arraché par le vent
Malin et violent
Je m’accroche désespérée
A ce souvenir d’été.
L’onde grise comme mon âme
Ne reflète que l’infâme.
Le soleil aveuglait. Comme ses rais
Ton regard brûlait et le paysage, gommait.
Seuls au monde nous étions, encore gamins
Marionnettes dans les mains du destin
Qui se profilait, sournois, impur
Ton rire je le buvais, source pure.
Je me voulais Phèdre et Bardot.
Je jouais de la taille et de mes cheveux en bandeaux.
Sur cette plage, nos corps adolescents se révélaient
L’un à l’autre, et le désir se profilait.
Il est des jours
Qui s’étirent, sourds
A ces réminiscences
Qui réclament vengeance.
Qui cognent,et griffent, mordent
Désespérées et vengeresses, raccordent
A ce passé si lointain, aux sensations surannées
Mais si présentes. Que de tendre cette main brisée
Il me semble t’atteindre et t’embrasser.