Et je chante un vieux refrain
Comme je le faisais souvent
Et le refrain fait naître d'autres
Je chante dans le silence de l'aube
Et le silence reprend l'écho
Relayé par celui d'un oiseau
Un autre ermite
Niché dans un lieu égaré
Sur le toit de ma demeure
Au fond d'un grenier
En guise de grains
J'ai mis en instance mes livres jaunis
Pour voir le reflet de ma destinée.
Dans la glace de mes sombres pensées
De temps en temps poussé par l'envie
Je me faufile dans l'étroit passage
Et à la lueur d'une étoile filante
D'une lampe des anciens marins
Je mets de côté sans encensement
Quelques écrits séniles
Qui narrent les mille épopées
De ces mille poètes méconnus.
. Et je reprends le gouvernail délaissé
Hisse de nouveau l'ancienne voile
Je quitte mon port d'attache
Pour replonger dans l'océan de la vie
Et je vogue longuement en solitaire
La mer est calme, l'horizon serein
La brise frivole joue avec l'unique mât
Et une mouette avide d'exotisme
Chante tout le long de la navigation
Nous nous éloignons des côtes désertées
Pour suivre le sillage des bateaux
La terre ferme est loin, très loin.
L'océan change de forme
Et les vagues défient les vagues
Et les vagues dépassent les vagues
Et le vent du large décide de rompre
Le vétuste mât de mon voilier.
Qui faisait l'éloge de mes évasions
Et je suis le caprice des années
Quand des fois ma voix bifurque
Et que ma voix perd la saveur de sa voie
Alors je me sens désarçonné
En guise de mon unique boussole
J'essaie de lire la main du firmament
Appelle toutes les conjurations astrales
Et dans l'estuaire d'une mémoire ravagée
J'assemble tous les symboles éparpillés
Fais articuler les décades irrégulières
Cherche à travers les années lumière
Le parchemin étanche de l'avenir
Même la boule de cristal
Découverte par un étrange hasard
Ne révèle aucun signe de vie
Je me noie dans l'errance du temps
Dans les différentes lignes hiéroglyphiques
Dans l'absurdité des gris-gris
Et des talismans sur des peaux tannées
Et à la fin de mes nombreux délires
Je réintègre la source froide d'une demeure
Quelque part dans l'incommensurable cosmos
Gît une étoile hors d'atteinte
Elle me ressemble par sa position
Il est écrit en lignes de feu
Sur les cendres de la page des jours
Je suis qui ? Je ne sais que dire encore. !
Je ne fais que feuilleter à la dérobée
Les débris épars de ma destinée
Avec solitude dans mon grenier.