L'Annonciateur
Je remercie amplement les dieux
De me laisser parler, étant vieux...
La nuit tombée j'ai constamment peur,
De celui qui fut nommé l'Annonciateur...
A l' accostage d'une pirogue se dévoilait
Un costaud d'âge moyen, unique marin
Vêtu élégamment d'une tunique en lin
De purs fragments de rubis l'illuminaient
Impassible, de lui émanait une
Volupté palpable essentiellement
Ou soluté buvable éventuellement
Perceptible à une centaine de dunes
Son épiderme d'une froidure divine,
Visage aux traits d'une grande finesse,
Ses yeux immaculés d'une infinie richesse
Qui à long terme devenait une piqûre épine
IL ne pouvait être l'objet d'une cible
IL était fort, et de Seth il était confédéré
Son ange-gardien, une entité invisible
Se nommait "mort" et rôdait à ses cotés
Je remercie entièrement les multiples divinités
De me laisser conter, étant de plus en plus âgé...
La nuit tombée, marchant sur la plage, j'étais très loin
D'imaginer écrire une page sur un drame étant témoin
Le fils de la lumière s'élança dans le sable
Un Face à face sanglant estimé de tous sans fin
Rapaces et autres prétendants assurés d'un festin
Beau et fier, le prince s'avança d'un pas stable
A sa main gauche, l' ultime lance d'Osiris
La chair s'écartait à son passage
A sa main droite, le sublime bouclier d'Isis
Dont le fer s'embrasait avec rage
Ils se fixèrent durant un court instant
Le temps d'un battement d'aile de papillon
Mais cela sembla durer une éternité
Au loin on sentait le tonnerre jaillissant
Le vent emportant grêle et tourbillons
Formant un énorme ras-de-marrée
Je remercie la chance, la divine promiscuité
De m'avoir épargné, lorsque j'étais peu âgé...
La nuit tombée, je fais toujours le même serment :
Raconter ce qui fit de moi le plus grand des croyants
Tempêtes et ouragans se décuplèrent
En fait un danger permanent nous avoisinant
Se renforçait, certains arbres se coupèrent
Et j'entendais parfois des cris à voix crispantes
Les deux couronnes de Pharaon qui d'ordinaire
Porteuses d'ornements et parsemées de lapis lazuli
Semaient la crainte et le doute parmi ses ennemis
Ne provoquèrent point l'abandon de son adversaire
L'Annonciateur se mit à réciter des incantations
Ennonçant d'intenses Formules-Noires interdites
Fort de son expérience occulte en territoire Hittite
Où la rigueur des rites forgea son initiation
Je remercie la lionne, le porteur des deux couronnes
De m'avoir secouru lorsque je n'étais plus un homme
La nuit tombée, je me cantonne à raconter sans vergogne
Cette nuit où je fus lâche, j'espère qu' Amon me pardonne
L'Annonciateur invoqua le terrible sanglier de Seth,
Aux yeux rougeoyant d'une couleur sanguine
Mais le prince implora l'aide de la déesse Bastet
Qui bientôt apparut sous sa morphologie féline
Lorsque crocs et défenses s'entrechoquèrent
L'Annonciateur lança le tonnerre légendaire
Mais Ramsès l'évita comme une vipère du désert
Il flottait dans les airs, je sentis vibrer des pierres !
Le torse gonflé, le prince s'élança vers l'ennemi juré
D'une force démesurée, il lança son javelot doré
Qui siffla comme une commette à grande vitesse
Avant de disparaître dans les nuages de la déesse.
Je remercie le vent du nord et nos terres du Delta
D'avoir un port dans cette ville nommée El-Nibeirah
La nuit tombée, au bord du Nil je mendiais un repas
Loin de me douter que ma vie frôlerait le trépas
L'Annonciateur esquiva sans peine le premier coup
La force Séthienne lui faisait sortir les veines du cou
Puis il para le second à l'aide de sa robuste cane
Un vieil ennemi des scorpions, sa célèbre sarbacane
Blessée, la lionne gisait à terre sans défense
Le sanglier chargea sur elle de toutes ses forces
Bastet semblait perdue quand apparut la lance
Que Ramsès avait lancé, redoutant cette fin atroce
Celle qu'Osiris forgea du même or que l'améthyste d'Isis
Perça la patte qui jadis grattait le sable, le sol qui glisse
Le monarque pouvait se targuer d'avoir sauver la lionne
Car la forme crochetée d'une corne de Seth ne pardonne
Je vous remercie Vizir, artisans, scribes et soldats
De m'écouter avec plaisir, me laissant libre de voix
Que la lune fonde et s'effondre, lorsque le tonnerre gronde
Si la nuit tombée, je n'ai conté l'affrontement d' outre-monde
Le terroriste sortit son sabre pour abréger ce palabre
Immobile comme un arbre et triste comme le marbre
J'assistais le visage en larmes à ce sinistre et macabre
Duel d'armes. Le monarque recule, l'ennemi se cabre
La lame fonce et effleure, tandis que le cœur martèle
Le soleil à l'appel, la lumière fut fidèle pour éblouir
Une coccinelle s'envola lorsque les étincelles jaillirent
Un arc-en-ciel s'éleva aux belles couleurs pastelles
Je remercie le Nil de la Nubie jusqu'aux grandes pyramides
Je remercie cette source de toute vie, garante de l'Egypte
La nuit tombée, Je vis l'araignée se protéger d'une chrysalide
Sur un sol aride, Bastet planta ses crocs dans une carotide
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Quelques explications ^^'
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En fait j'ai un peu mélangé pas mal de chose dans ce poème mais tout cela se passe uniquement dans le cadre de l'ancienne Egypte.
Il y a quelques incohérences, comme par exemple le fait que "le fils de la lumière" était le surnom du pharaon Ramses II dans un roman que j'ai lu, alors que son adversaire, l'Annonciateur ne fit son apparition que beaucoup plus tard normalement, je m'inspire d'un personnage tiré des "Mystères d'Osiris", un autre roman de Christian Jacq, Il se fit appeler l'Annonciateur car il était persuadé que dieu lui parlait et qu'il se devait d'accomplir ses volontés, c'est à dire imposer le monothéisme au monde entier. Et comme cet homme était Syrien, il a décidé de s'attaquer au pays qui représentait le plus une menace dans la région, l'Egypte.
Dans le bouquin, l'annonciateur fut l'un des plus impitoyables chefs terroriste. Non seulement il avait réussi à implanté depuis de longues années des cellules dormantes dans les villes clefs, comme Memphis, mais en plus il maîtrisait la magie noire.
# A sa main gauche, l' ultime lance d'Osiris
# A sa main droite, le sublime bouclier d'Isis
# Celle qu'Osiris forgea du même or que l'améthyste d'Isis
- Osiris n'a jamais eu de lance, ni Isis de bouclier ou d'améthyste. Osiris est le dieu qui régnait sur les Hommes et qui fut coupé en morceau par son frère Seth, jaloux, puis éparpillé dans toute l'Egypte.
La déesse Isis est non seulement la soeur et l'épouse d'Osiris, mais aussi celle qui le ressuscita par amour, le temps d'une nuit. De cette union est né Horus (le faucon), qui vengera son père par la suite.
"Cependant, il ne faut pas réduire la théologie complexe des Égyptiens à une conception dualiste du Bien et du Mal, car, dans un autre mythe, Seth est l’auxiliaire indispensable de Rê dans son combat nocturne contre le serpent Apophis. Bien et mal sont des aspects complémentaires de la création, tous deux présents en toute divinité."
# L'Annonciateur lança son tonnerre légendaire.
# L'Annonciateur invoqua le terrible sanglier de Seth,
- L'Annonciateur utilise les pouvoirs de Seth, et ce dernier fut après sa mort, considéré comme le dieu du tonnerre, des tempêtes et du temps nuageux, et sa tête était plutôt proche, parait-il, du sanglier.
# Je remercie la lionne [...]
# Mais le prince implora l'aide de la déesse Bastet
Qui se matérialisa sous sa morphologie féline
- Bastet est une déesse à tête de chat. Et la qualifier de lionne, c'est de l'exagération, surtout qu'il existe déjà une déesse à tête de lionne. J'ai oublié son nom désolé ^^' Bref c'était pour la rime que j'ai dis lionne.
# Avant de disparaître dans les nuages de la déesse.
- Le ciel était bien considéré comme le corps de la déesse Noun, courbé au dessus de son frère Geb, le dieu de la terre.
# Je remercie le vent du nord et nos terres du Delta
D'avoir un port dans cette ville nommée El-Nibeirah
- El-Nibeirah existe vraiment et se situe bien dans le Delta.
# Les deux couronnes de Pharaon qui d'ordinaire
Porteuses d'ornements et parsemées de lapis lazuli
- Les deux couronnes symbolisent la réunification de la haute et de la basse Égypte. Il a aussi un sceptre, une crosse et un fouet. Il s'appuit sur son sceptre quand il est debout. Comme un berger il conduit son troupeau avec la houlette (la crosse) et le protège avec son fouet.