Il voulait oublier, il reprenait un train.
Le visage fermé, ils souffraient en silence.
Ils voulaient mettre fin aux fausses espérances.
Ils acceptaient tous deux de changer de chemin.
Ils avaient essayé à nouveau mais en vain.
Leurs vies se séparaient, chacun devait partir,
Vers d’autres horizons, vers un autre avenir.
Seuls, seraient-ils heureux, apaisés et sereins?
Ils repensaient leur vie et leurs moments de joie,
Ils furent si nombreux associés aux projets
Qu’ils menèrent ensemble toujours déterminés
Combatifs et unis, ils marchaient à grands pas.
Des voyages souvent jusqu’au bout des tropiques
De si beaux paradis, des grands moments de rire
Et dans leur communion ils partageaient le pire
Et le meilleur aussi, maintenant le tragique.
Sur ce quai où le froid par secousses violentes
Animé par un vent manifestant ainsi,
Sa dernière volonté, son dernier alibi
Le dernier soubresaut la dernière tourmente.
Que reste-il après de tous ces souvenirs,
De tant d’espoirs déçus ou de matins qui chantent
Querelles épuisantes ou câlins qui enchantent
Une vie partagée qui soudain se déchire.
Que sera l’avenir, fait de quelles espérances ?
Dans quel direction, au bout de quel chemin,
Une lointaine plage avec un sable fin,
Ou de tristes journées nourrient de ton silence ?
L’âme pleine de bleus, et de tant d’ecchymoses
Comme des tatouages tant les coups sont fréquents
On espère, on oublie et l’on croit si souvent
Au lendemain qui chante, aux vertus d’une rose.
Et il faut des années jusqu’à l’épuisement,
Ne plus attendre rien d’un couple moribond,
Le futur conjugué avec Je pour pronom,
Pour enfin renoncer définitivement
Imaginer un ciel sans l’ombre d’un nuage.
Imaginer la vie, imaginer l’espoir
Sourire enfin aux autres sans qu’aucun regard noir
Ne prenne des allures de ces mauvais présages.
Il souriait maintenant, il était détendu,
Un enfant face à lui, lui jetait des œillades.
Elles disaient Allez ris ! Fais comme moi, Regarde !
Si la vie est un jeu alors rien n’est perdu.
Ainsi il regarda les lignes de sa main,
Sans n’y connaître rien, il eut la certitude,
De paisibles demains et d’autres habitudes.
Il voulait oublier, il reprenait un train.