Quand le chant du jour s'élève tel une clameur céleste,
que le vent de sa voix gutturale chantonne dans les fougères,
que le silence nocturne s'éteint, abandonnant sa sieste
et que tout revit dans cette symphonie terrestre.
Je m'éveille,relevant les draps satinés du sommeil,
m'étire, féline, secouant ma crinière vers l'aube naissante,
chatouillant au passage ma seule et unique merveille :
l'homme qui est près de moi dans une inertie charmante.
Accoudée, je le contemple et mes pensées divaguent...
Qu'importe la vie qui chahute là, dehors; les vallées,
les forets qui s'embrasent dans le feu matinal; et les vagues
qui s'allongent languissantes sur les plages enfiévrées.
Car le sublime des Dieux, le prodige de la nature
est ici avec moi, je le touche, l'adule et l'embrasse.
Que de bonheurs me cause ce bel enfant...Oh, mais que toujours dure
cette saison au coeur des délices...Déjà les moments passent...
Cette journée s'écoulera vite comme une rosée d'été, une paillote
qui se consumera dans le feu de cette passion...Ah, qu'elle cesse son cours !
que je profite éternellement, sans vieillesse ni mort, de son amour...
Songeuse dans une prière, je chuchote :
"Que le soleil cesse sa course éffrénée,
que l'horloge des cieux, d'une chiquenaude, brise sa pendule;
que la lune, dans les ténèbres étendue, ondule
dans ses rêves argentés.
Oh,que le jour reste et jamais ne cesse,
que les minutes fatidiques meurent dans la chair sablonneuse du temps;
pour qu'heure et siècle en un , de nouveau je naisse
dans les bras de cet amant, en savourant ce perpétuel printemps."
Comment trouvez vous ce poeme ?