La Toussaint.
Texte poétique : 65.
De me savoir puni comme un écolier
Dans une retenue à écrire des pensées
Ne peut me laisser en aucun cas oublier
Que mes proches sont en partie passés.
En ma mémoire ils demeurent vivants
Des nuits parlées avec eux à cœur ouvert
Ou en filigrane dans mes textes servant
A cette affection que je tiens sous couvert.
Le jour, la solitude un peu plus me blesse
Et m’entraîne à des souvenirs ressuscités
Resurgissant ça et là en partie fragmentés
Par mon regard perdu et voilé de détresse.
Alors par cette brève supplique humblement
J’en implore le pardon, si j’ai causé du tort
A l’ainé, délaissé jugé un peu trop hâtivement
Sans bien me préoccuper au futur de son sort.
De ne pas avoir su élégamment arborer la rose
A la malheureuse chemise en guise de langage
Ignorant ! J’aurais du étudier davantage la prose
Pour le vocable de l’oiseau au sortir de sa cage.
Au-delà je n’ai pas su garder saine l’enveloppe
Charnelle léguée en automne de ma naissance.
Tel un chien abattu par les coups qu’il écope
Se taire souillé, sous le pont des nuisances.
Je m’en remets à vous, pour faire le nécessaire
Car je ne supporte plus votre absence qui pèse
Et je pourrais décider de n’en faire qu’à mon aise
En mettant fin moi même à ce sinistre glossaire.
Ainsi, j’ambitionne le droit de vous rejoindre
De monter au plus vite, plutôt que de descendre
En enfer. Dieu sait bien qu’il peut m’y joindre
Me voir courbé, les deux mains dans la cendre.
Pour ranimer l’étincelle, étouffée en mon sein
Puisse- t’elle me ravir à l’aube de la Toussaint.
Je n’ai plus rien à donner en ce bas monde
Pourtant je laisserai comme unique cadeau
Fruit de ma vie de travail à mes neveux ados
Un nid, et un pli sous l’aile d’une aronde.
De m’identifier parmi tous ces gens oubliés
Dans une fosse commune et de son sablier.
Familiers, ne prenez-pas ma requête au sérieux
Ce n’est qu’une parenthèse, un passage à vide
Le prétexte d’une nouvelle copie aux curieux
Soucieux, sur cet exercice de jeter un œil livide.
Le 27 octobre 2006.